Noël au Cambodge : entre merveilles de la nature et désillusions citadines


 

A 10 jours de Noël, j’ai ressorti mon carnet de voyage pour raconter cette même période, un an plus tôt, sur un autre continent.

Passer les fêtes de fin d’année dans un pays et une culture opposés aux nôtres, loin de nos proches, était une grande première pour nous deux. Une expérience très enrichissante, améliorée par la présence d’un couple d’amis qui a débarqué au moment où nous avions justement besoin de passer du temps avec des visages familiers.

Au total, nous avons passé 3 semaines au Cambodge. Ce pays faisait partie de notre tour du monde, il était notre avant-dernière découverte avant le grand retour. Le Cambodge était très certainement le pays que nous avions le plus hâte de parcourir. Plusieurs amis nous en avait fait la promotion, je le découvrais à distance au travers de l’association « Toutes à l’école », et nous lisions beaucoup au sujet de l’histoire du pays.

Lorsque je relis mes notes, je m’aperçois du contraste des émotions ressenties sur place. Les merveilles de la nature (temples et îles), l’emportent clairement sur les villes ou bourgades présentées comme des endroits où il fait bon vivre dans les guides. Voici les étapes de notre itinéraire en backpack de décembre 2018.

Phnom-Penh

Nous avons traversé la frontière cambodgienne depuis Hô-Chi-Minh-Ville (Vietnam), en bus de nuit.

Nos premiers jours à Phnom-Penh ont été mitigés : cette capitale semblait tellement plus douce que Hanoi ou Saigon, une vie plus au ralenti mais également plus misérable et gênante par moment.  Je parle de cette prostitution glauque évidente et de l’engouement touristique créé autour des horreurs du régime (notamment la visite du Camp S-21, que nous n’avons pas faite, par choix). Comprendre l’histoire du Cambodge durant la période des Khmers Rouges ne passait pas par une visite guidée de cet ancien centre de torture mais plutôt par la lecture et l’analyse de témoignages de survivants.

Au-delà de cette atmosphère particulière, cette ville regorge de marchés, de bars, de restaurants, de musées sublimes. Et bien sûr de personnes douces, discrètes et souriantes. 

Kampot

Après avoir passé 3 jours dans la capitale, nous avons pris un mini-van collectif pour Kampot, réputée pour être une bourgade connue pour son poivre, sa douceur de vivre et son centre colonial coloré. En arrivant sur place, on s’aperçoit qu’il est plus en ruine et abandonné que coloré. L’aspect pittoresque n’est pas si évident. Mais cette petite ville offre de nombreuses choses : une cuisine merveilleuse, des ingrédients à ramener dans son sac à dos, des spots atypiques dans des auberges de jeunesse sur la rivière Preaek Tuek Chhu pour se relaxer, des balades en vélo (location indispensable, surtout pour nous qui étions en dehors du centre)…

Nous n’avons pas fait les environs, peut-être était-ce une erreur, nous avons préféré quitter le coin pour privilégier la découverte des îles situées vers Sihanoukville.   

Koh Rong

Via Sihanoukville, nous avons pris un bateau dédié à notre coin de l’île, où nous avons passé 5 jours de kiff total. Du sable blanc, de l’eau turquoise, quelques petits restaurants et bars de plage très tranquilles, une auberge de jeunesse qui surplombe la mer (Coconutbeach Bungalows), des jeux de sociétés, pas de wifi, pas de groupes de touristes énormes. C’est un endroit plutôt intime et hippie, qui invite au repos, à la baignade, aux randonnées pédestres, à la découverte d’autres plages désertes via des forêts et des sentiers escarpés. C’est tout ce dont nous avions besoin après la visite d’un pays hyper dynamique comme le Vietnam et après 4 mois de vadrouille en mode globe-trotters.   

Sihanoukville

Nous avons quitté l’île à contrecœur, car nous savions d’ores et déjà que Sihanoukville ne serait jamais à la hauteur de Koh Rong. Cette ancienne ville réputée hippie est en pleine mutation, à l’opposé de la sérénité proposée par les îles cambodgiennes. Des investisseurs chinois construisent des blocs de casinos, des hôtels pour leurs futurs groupes de touristes et des bars dédiés où des jeunes femmes attendent ouvertement des clients. Sihanoukville est à éviter, elle met mal à l’aise et montre ce que la mondialisation a de pire. Par chance, nous dormions dans l’une des rues encore préservées, dans une auberge de jeunesse tenue par des français (Blue Sky Bungalows). Ils y vivent depuis 20 ans et cherchent à vendre pour quitter l’enfer de cette ville. Ils ont construit quelques cabanes autour d’un jardin fleuri et d’une petite piscine. Un joli havre de paix.

Nous ne sommes restés qu’une seule nuit, cela suffit largement, puis avons pris un autre bus de nuit le lendemain pour notre étape finale tant attendue : Siem Reap.

J’aborderai l’excentricité et l’originalité des bus de nuit plutôt dans un article dédié au Vietnam.

Siem Reap

Enfin, nous y sommes. Pour l’occasion, et parce que c’est Noël, nous avons fait le choix de réserver dans deux hôtels chics, avec piscine (Solitaire Kramreuk Resort et The Orientation Lodge). Aucune fausse note, ce confort, nous ne l’avions pas eu depuis des mois.

Au programme de notre semaine passée à Siem Reap et dans ses environs :

  • Retrouvailles avec un couple d’amis, avec qui nous avons découvert les temples et passé le réveillon de Noël dans un restaurant et bar à rhums tenu par un réunionnais installé depuis plusieurs années à Siem Reap (« Chez Gorges »). Siem Reap est très dynamique. Le centre est propice à la fête, avec ses nombreux bars, boîtes et restaurants. Là aussi le contraste est grand : un centre pour des touristes en manque de fête et d’alcool cheap vs. Des temples isolés propices à la méditation et à la découverte de l’histoire.

  • La visite des temples et de la Cité d’Angkor. Des pures merveilles. Le plus impressionnant pour nous n’était pas forcément cette cité mais plutôt les temples plus lointains où la nature a complètement repris le dessus et où les ruines se font engloutir par les racines, la forêt…

  • Une journée passée sur le lac Tonlé Sap et son village flottant, impressionnant. La ferme aux crocodiles, étape incontournable où tous les bateaux emmènent les touristes, est un peu déroutante. Le coucher de soleil sur le bateau, quant à lui, était un joli moment.

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Finalement, comme à chaque fois qu’il y a beaucoup d’attentes, notre ressenti sur le Cambodge est contrasté. D’un côté, ces merveilles proposées par la nature, parfois encore préservées de l’homme nous laissent bouche bée. Ses gens et sa cuisine sont un atout immense. De l’autre, ces villes et villages meurtris ou en cours de transformation (la mauvaise) donnent juste envie de fuir. Les blessures liées à l’extermination du peuple sont encore visibles et pesantes. Nous avons beaucoup de respect pour ce pays, sa population, sa culture, sa religion. Peut-être que nous reviendrons découvrir d’autres coins du pays, plus lointains et préservés, en se laissant complètement surprendre cette fois-ci.